Accueil 5 L'association 5 Résultat du questionnaire de Français du monde-adfe à destination des PME et micro-entreprises installées à l’étranger

Des entrepreneurs français installés à l’étranger face à la crise de la COVID-19 :
questionnaire de Français du monde-adfe à destination des PME et micro-entreprises installées à l’étranger.

Face aux témoignages de difficultés économiques rencontrées par un grand nombre de ses adhérents depuis fin mars 2020, l’association Français du monde-adfe a souhaité, dès les premières semaines de la crise liée à la Covid-19, faire un premier état des lieux en lançant une enquête spécifique – auprès de ses membres et de l’ensemble des Français de l’étranger – en direction des entrepreneurs, responsables de PME et de micro-entreprises implantées hors de France.

Un questionnaire ciblé a été élaboré puis mis en ligne entre mai et juin 2020. Plus de deux cents réponses appuyées de témoignages ont été recueillies sur la période, auprès d’artisans, de commerçants, d’auto-entrepreneurs, des patrons de PME et de micro-entreprises implantés dans plus de soixante pays.

L’analyse de ces retours du terrain nous permet de mieux connaitre les difficultés auxquelles sont confrontés nos entrepreneurs, dont plus de 70%, dans cette enquête, sont installés à l’étranger depuis plus de 5 ans (40,9% entre 5 à 15 ans et 29,1% depuis plus de 15 ans). Elle nous permet aussi de réfléchir aux propositions et outils adaptés pouvant être mis sur pied pendant la crise afin de répondre aux situations d’urgence.

Les entrepreneurs qui ont répondu à notre enquête ont été fortement impactés par la crise de la Covid-19. Ils restent résilients, mais dans une situation d’incertitude : si 92,6% d’entre eux soulignent une baisse de leurs activités, plus de la moitié (57,6%) n’envisagent pas de rentrer en France suite à la crise. Le contexte actuel crée toutefois de l’incertitude puisque 35% des entrepreneurs ayant répondu à l’enquête restent incertains quant à l’avenir de leur entreprise, ne sachant pas encore s’ils rentreront en France.

Si elles ne sont issues que de la catégorie spécifique des entrepreneurs français établis hors de France, ces premières tendances n’en offrent pas moins un contraste saisissant avec les résultats de l’enquête menée un an avant la crise par Français du monde-adfe dans son « Baromètre des Français de l’étranger » : en 2019, seuls 15% des Français de l’étranger ayant répondu à l’enquête envisageaient « à terme » un retour dans leur pays.

En majorité implantés dans des pays non européens, ces entrepreneurs témoignent de leur isolement et ne bénéficient, la plupart du temps, d’aucune aide. 68% d’entre eux déclarent en effet ne pas être en contact avec les services économiques français (Business France, ambassade, chambres de commerces et d’industrie …) et 85,7% d’entre eux ne bénéficient pas d’un programme d’aide dans leur pays d’accueil.

L’analyse des 203 témoignages issus de cette enquête met en lumière la grande diversité des contraintes rencontrées par les entrepreneurs, la disparité de leurs situations mais aussi, le plus souvent, la gravité du contexte auquel ils sont confrontés :  à l’image de cet entrepreneur français du secteur du tourisme, basé en Afrique, qui a épuisé l’ensemble de ses fonds propres, ne bénéficie d’aucune aide dans son pays d’accueil et se trouve au bord du dépôt de bilan ; de ce fondateur d’une société de conseil au Brésil impacté par une réduction drastique de son activité et qui puise sur ses réserves personnelles pour payer loyer et charges ; ou encore de cet entrepreneur qui a monté une école d’art en Chine il y a 8 ans, qui a dû cesser son activité sur ordre du gouvernement et n’a jamais pu rouvrir. N’ayant bénéficié d’aucune aide ou soutien, il envisage de rentrer en France avec ses enfants, pays qu’il a quitté il y a 14 ans et où tout serait à reconstruire.

La crise que traversent les entrepreneurs français implantés à l’étranger se manifeste par un grand nombre de situations tendues, de remises en cause de projets d’entreprises et de projets de vie. Elle met aussi en péril le maillage patiemment mis en place que représente l’équipe France de l’export. On ne sauvegardera pas ce dispositif sans apporter un soutien à ces intervenants français de droit local, qui sont parfois membres des groupes French Tech. Il est temps d’associer les entrepreneurs français de l’étranger aux dispositifs de solidarité nationale mis en place en France et de faire jouer les solidarités sur le terrain pour les aider à passer le cap et à se tourner vers l’avenir. La création d’un fond de solidarité à destination des micro-entreprises françaises à l’étranger serait à encourager.


Résultats-questionnaire-aux-entrepreneurs

Communiqué questionnaire aux entrepreneurs_pdf 

Gaëlle Barré, Jean-Philippe Grange

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