Accueil 5 L'association 5 Economie sociale et solidaire : «Exemplarité» à Middlegrunden

Benjamin, on a trouvé de suite : tu nous emmènes en terres germaniques ! Oui et plus précisément au Danemark…
La prise de conscience de la rareté et du coût de l’énergie dans les pays de culture « occidentale » est réelle.  Une étude qui date de 2007 révélait que les Européens sont très favorables aux énergies solaires (80%) ou de la force du vent (71%) et génèrent très peu d’oppositions (2% et 5%).

 

Au Danemark, des atouts pour l’énergie éolienne.

Le taux d’opinion favorable du public y atteint aujourd’hui 93% pour l’éolien, taux exceptionnel lié à la réussite de projets. En effet, doté d’un bon potentiel éolien et propice à l’installation d’un parc par la présence de hauts-fonds, le détroit de Öresund aux abords de Copenhague a fait naître un projet visant à alimenter la capitale danoise en électricité produite par l’énergie éolienne : Middlegrunden. En 1996, le Copenhagen Environment and Energy Office (CEEO) démarre un groupe d’étude afin de cartographier le potentiel éolien du détroit, en regroupant des spécialistes, mais également de nombreux citoyens de Copenhague intéressés à l’énergie éolienne.

 

La clef de l’acceptabilité : la participation des habitants.

Tout projet suscite enthousiasme, inquiétude et rejets aussi, d’où la nécessité de réussir l’acceptabilité sociale. Trois points sont essentiels : le respect des exigences réglementaires (études d’impact et mesures de protection de la santé et de sécurité), la  confiance et le consentement des groupes d’intérêt, et l’obtention de niveaux élevés de soutien de la communauté locale.
Mon propos n’est pas d’exposer tous les paramètres techniques qui ont conduit à la construction de 20 éoliennes au large de Copenhague. Il est nécessaire d’éclairer l’intérêt d’obtenir la confiance de toutes les parties prenantes du projet : industriels, collectivités, habitants. C’est cette confiance partagée qui a permis la vente 30 000 pré-abonnements, puis la vente de 40 500 «actions », ou parts sociales (40 500 actions cessibles pour 31 millions de dollars) à près de 10 000 membres, avec un investissement moyen de 3000 €.

 

Ainsi est née une nouvelle coopérative

L’appropriation du projet a été obtenue par le recrutement du groupe de travail local qui s’est accordé et a fixé un calendrier de planification détaillée et participative, largement diffusé, et a aussi permis de faire émerger un projet économique collectif.
The Danish Association of Wind-power Guilds (DV), a non-profit, independent association that takes care of wind turbine owners’ interests, supports this expansion of community enterprise.La plate-forme principale est aujourd’hui une coopérative communautaire, soutenue et structurée par les entreprises et les autorités locales. Un groupe de travail dédié est constitué pour la gérer. L’information est diffusée via des réunions publiques, un site internet et des chargés de communication.

 

Des coopérateurs responsables

La présence dans la coopérative de nombreux habitants de la capitale permet de ne pas percevoir le projet comme étant imposé d’en haut. Les habitants décident eux-mêmes du budget de la coopérative, de l’élection de leurs représentants, lors de l’assemblée générale; certains ont même créé un site internet pour suivre le fonctionnement quotidien de «leurs» machines
Appartenir à la coopérative éolienne amène ainsi ses membres à adopter un comportement plus respectueux de l’environnement dans la vie quotidienne. Ils bénéficient aussi directement de la revente d’énergie à la compagnie d’électricité locale, pour un tarif légèrement supérieur au prix du marché (pour les premiers kilowattheures produits). Ils achètent ensuite leur électricité comme n’importe quel consommateur.
Ces initiatives essaiment aujourd’hui jusque dans les campagnes danoises où de nombreux agriculteurs se lancent dans de tels projets, mais aussi dans le monde : Grande-Bretagne,  France, Canada, et sans doute d’autres, s’inspirent de la réussite danoise. Mais ces projets se construiront-ils avec des structures d’économie sociale et solidaire ?

 

Benjamin Ty-Shen

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