Accueil 5 L'association 5 Liberté d’expression : jusqu’où ?

Français du monde-adfe s’alarme de la montée du racisme en France et de la banalisation de l’antisémitisme dans une partie de l’opinion publique française. Nous l’avons exprimé avec force lors des attaques indignes subies par madame Taubira. Nous le réitérons à l’occasion du débat sur les représentations du spectacle « le Mur » de Dieudonné. Le grand nombre de spectateurs qui se préparaient à aller rire des soi-disant plaisanteries de Dieudonné préoccupe. Le point commun de ces fans de Dieudonné est, d’après André Déchot, co-auteur de « la Galaxie Dieudonné », « le manque de repères historiques et politiques » qui les empêche de percevoir que certaines provocations, prétendument « anti-système », véhiculent, en guise de nouveauté moderne et affranchie, la vieille propagande antisémite  du XXème siècle.

Je répugne à citer des propos que je juge odieux mais il arrive un moment où il faut regarder l’ignominie en face pour la combattre. Dieudonné se situe dans une ancienne tradition haineuse et prétendument ignorante : « Je n’ai pas à prendre parti pour les juifs ou pour les nazis. Je n’étais pas né en 19… machin. » Il en sait quand même assez pour affirmer « Je me suis arrêté à Pétain. Et puis il était moins raciste que Hollande ». Que 80 000 Juifs français ou vivant en France aient disparu dans les camps de la mort avec la collaboration de Pétain, il ne veut pas le savoir. Et de regretter que le génocide nazi ait pris fin  : « Quand j’entends Cohen (le journaliste de France inter), je me dis, les chambres à gaz… Dommage. »

Notre association qui se situe dans la mouvance progressiste issue de la philosophie des Lumières est pleinement consciente de la tension qui oppose défense de la liberté d’expression et lutte contre les appels à la haine. Ce n’est pas dans l’objet d’une association telle que la nôtre de se prononcer sur le bien-fondé de la circulaire Valls qui enjoint aux préfets d’interdire le spectacle « Le Mur » dans les villes où Dieudonné avait programmé une tournée en ce début d’année 2014. Toutefois, ce que nous affirmons avec force, c’est que les mots tuent, les mots de la presse antisémite française d’entre les deux guerres au XXème siècle, les mots de la radio des Mille Collines au Rwanda en 1994. Et quand les mots portent atteinte à la dignité des êtres humains, quand ils appellent à la haine, quand ils sont porteurs de mort, il faut avoir le courage d’affirmer que la liberté de parole s’arrête là où commence le droit à la dignité et à la vie d’autrui.

 

Monique Cerisier ben Guiga

 

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