Accueil 5 L'association 5 Témoignage de Tripoli

En montant dans l’avion pour Tripoli ce dimanche 16 juin, à Tunis, nous avons été surprises avec ma fille, de constater que la majorité des passagers étaient des libyens de condition très modestes que l’on n’avait pas l’habitude de voir voyager auparavant. Certains accompagnaient des personnes âgées, des malades ou des accidentés. Nous étions les seules femmes européennes.

A l’arrivée en Libye, nous constatons que Tripoli n’a guère changé pendant la guerre. Sur la route, des barrages formés de 4×4 surmontés de mitraillettes, sont tenus par des jeunes miliciens armés. Ces derniers se sont chargés de la circulation qui est, du reste, de plus en plus épouvantable : la voie express est constamment embouteillée et, compte tenu de l’absence de policiers, la plupart des automobilistes ne respectent pas les feux.

Les sorties le soir après 20h sont vivement déconseillées. Après avoir passé un barrage de  »Thouars » (miliciens révolutionnaires) à 17h devant l’immeuble de la Télévision libyenne nous avons compris que l’insécurité régnait toujours à Tripoli et qu’il fallait mieux éviter de se balader dans les rues le soir. Ces miliciens avaient l’air redoutable : cheveux hirsutes, tenues débraillées ! En revanche, une autre partie de la population semble plus détendue et discute plus facilement, pour peu qu’on parle l’arabe : les chauffeurs de taxi, les commerçants, etc.

Depuis la révolution, beaucoup de Tripolitains ont ouvert leur propre magasin dans le but de gagner de l’argent rapidement. Et c’est vrai, les marchandises s’étalent partout, dans les vitrines, sur les trottoirs. Il existe une vraie frénésie de consommation. Le dernier commerce rentable est de construire des hangars puis de les louer aux commerçants importateurs, afin qu’ils stockent leurs marchandises.

Peu à peu, nous avons constaté des améliorations notoires : ramassages des poubelles, moins de barrages de « Thouars », retour des policiers sur les grandes avenues et les ronds points. Nous sommes même rentrées parfois un peu plus tard et nous allions à la plage tous les samedis sans problèmes.

Il y a aussi beaucoup d’enthousiasme de la part de nombreux jeunes libyens, filles et garçons, engagés dans des ONG locales même si parfois leur enthousiasme se transforme un peu en scepticisme quand ils voient certains de leurs compatriotes se lancer à corps perdu dans « le business ». Tous espèrent beaucoup des élections à venir.

 à lire aussi