Accueil 5 L'association 5 La jeunesse : entre désespoir et indignation

 

Si l’année 2011 aura été marquée principalement par les révolutions arabes,  cet épisode  ne doit pas faire oublier l’autre grand mouvement populaire de 2011 : le mouvement des indignés. Ce mouvement  qui s’est répandu dans plusieurs pays : Espagne, Grèce, et même aux Etats-Unis  illustre la volonté d’une partie de la jeunesse internationale de voir les choses  évoluer.

Ce désir de changement a des causes concrètes. La crise économique qui a frappé durement l’économie mondiale a eu des conséquences désastreuses sur l’emploi des plus jeunes. En Europe, par exemple, le taux de chômage des moins de 25 ans est de 21,6 % alors que le taux de chômage global n’est « que » de 10 %. En France 23,2 % des jeunes sont au chômage contre 8,5 % en Allemagne et 46,4 % en Espagne !

Si l’on constate un réel désir de changement, il ne semble pas y avoir chez la majorité des indignés une volonté de révolution. On constate simplement un désir  de construire une société moins inégalitaire et plus juste. En revanche, le mouvement des indignés se montre très critique envers trois types de catégories : les politiques, les banquiers et les médias. Ces derniers étant accusés d’être les relais des idéaux des deux premiers. Pas de révolutions souhaitées donc, mais une évolution et en priorité celle de nos démocraties représentatives. Beaucoup ont été frappés par les images des immenses assemblées générales organisées en Espagne, par exemple, et certains ont la volonté manifeste de compléter la démocratie représentative par ce genre de processus relevant de la démocratie participative.

Et en France ? Le mouvement des indignés n’est pas parvenu jusqu’en France mise à part quelques manifestations ici ou là. La proximité des élections de 2012 et la perspective d’utiliser son bulletin de vote pour faire entendre sa voix a sans doute eu pour effet de limiter le nombre de jeunes voulant rejoindre les indignés.

Cela n’enlève rien aux maux  de la jeunesse française qui sont bel et bien présents. Cependant, même si beaucoup redoutent que les jeunes vivront moins bien que la génération de leurs parents, certains gardent espoir et confiance en l’avenir. Cette fracture au sein de la jeunesse  est aussi due à la grande disparité qui existe entre les diplômés de l’enseignement supérieur et les autres titulaires du simple baccalauréat ou ayant quitté l’école sans diplôme. En temps normal, l’absence de diplôme est déjà un réel frein à l’embauche mais en période de crise celle-ci devient un handicap quasi-insurmontable. En terme politique l’absence de diplôme crée aussi un clivage entre les jeunes : les moins diplômés participent nettement moins au processus démocratique et se mobilisent peu.

Le mouvement des indignés aura eu pour effet principal d’alerter les hommes politiques sur le désarroi d’une partie de la jeunesse et ce n’est donc pas un hasard si les principaux candidats à l’élection présidentielle ont fait des propositions à leur endroit car chacun sait qu’un pays ne peut se tourner vers l’avenir en oubliant le sort des générations futures.

Cet article est un condensé du dossier paru dans Alternatives Internationales, numéro 54, mars 2012.

 

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